Les éoliennes émettent-elles des infrasons ?
Ainsi, les mesures de niveaux de bruits infrasonores réalisées pour des expositions courantes (transports, appareils électro-ménagers, etc.) montrent que nous sommes régulièrement exposés à des niveaux d’infrasons bien supérieurs à ceux émis par des éoliennes. C’est le cas par exemple à l’intérieur d’une voiture vitres fermées roulant à 90 km/h.
En Allemagne, une étude de l’ITAP a été menée en 2003 (Messung der Infraschell-Abstrahlung einer Windenergieanlage des Typs, Nordex N-80, ITAP ) sur des éoliennes de 2,5 MW en fonctionnement et a consisté en l’installation de 2 sonomètres spécialement calibrés pour les fréquences inférieures à 200 Hz. Ces enregistreurs ont été placés à 200 m de l’éolienne, sous la direction du vent, afin de mesurer les infrasons présents.
Niveaux d’infrasons mesurés
Les niveaux mesurés à 200 m de l’éolienne (max 65 dB(G) à pleine puissance) sont largement inférieurs au niveau préconisé par l’AFSSET (100 dB(G)).
La faculté de génie électrique de l’université d’Opole en Pologne a réalisé en 2012 une mesure très basse fréquence à 131 m d’une éolienne de 2 MW d’un parc de 15 éoliennes.
Les niveaux d’infrasons mesurés (de 78 dB(G) maximum à 3 Hz à 55 dB(G) maximum à 20 Hz) sont inférieurs au seuil préconisé par l’AFSSET, et ce sur l’ensemble de la plage de fréquence 1 Hz à 20 Hz. Ces valeurs sont obtenues à une distance de 131 m, soit à une distance très inférieure aux distances minimales des éoliennes aux habitations (500 m en France).
Plus récemment, l’Institut de l’Environnement, de Mesure et de la Protection de la nature du Land de Bade-Wurtemberg (LUBW) a publié fin février 2016 les conclusions de son étude « Bruits de basses fréquences et infrasons émis par les éoliennes et d’autres sources ». Entre 2013 et 2015, le LUBW a mené un vaste projet de mesure des bruits de basses fréquences émis par six éoliennes de différents modèles, d’une puissance entre 1,8 et 3,2 MW. Dans son rapport final, le LUBW précise que les niveaux d’infrasons produits par les éoliennes se situent en-deçà du seuil de perception de l’homme et qu’il n’existerait pas de preuves scientifiques établies d’un impact négatif sur la santé de l’homme. Les conclusions de l’étude confirment qu’en respectant les règles juridiques et techniques de la procédure de planification d’un projet éolien, aucun effet négatif des sons émis par les éoliennes ne serait à craindre, même en ce qui concerne des sons audibles par l’homme. Le niveau d’infrasons a été mesuré à une distance de 150 à 300 m des éoliennes et s’est avéré clairement inférieur au seuil de perception de l’homme. Les résultats des mesures effectuées à la campagne, dans une zone sans parcs éoliens, étaient par ailleurs comparables à ceux issus des mesures effectuées aux alentours des éoliennes.
Par ailleurs, les postes de livraison peuvent également générer des infrasons, à faible niveau. La conception de ces postes, utilisant des matériaux isolants du même type que ceux des maisons d’habitation, permettront de réduire fortement les émissions d’infrasons.
Un nouveau rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), successeur de l’AFSSET, sur les effets sur la santé des ondes basse fréquence et infrasons dus aux parcs éoliens est paru en mars 2017. Cette étude comprend les résultats de mesures sur des sites où une gêne particulière a été signalée par les riverains.
L’ANSES y conclut que « l’examen des données expérimentales et épidémiologiques disponibles ne met pas en évidence d’arguments scientifiques suffisants en faveur de l’existence d’effets sanitaires pour les riverains spécifiquement liés à leur exposition à la part non audible des émissions sonores des éoliennes. »
Dans son avis, l’ANSES indique que, suite à des campagnes de mesure réalisées au cours de l’expertise et à l’examen des données disponibles, les effets de gêne qui pourraient être ressentis autour des parcs éoliens ne concernent pas les basses fréquences et infrasons mais principalement les bruits audibles. A ce titre, l’Agence conforte une réglementation qui a fait la preuve de sa pertinence en rappelant que les connaissances en la matière ne justifient « ni de modifier les valeurs limites existantes, ni d’étendre le spectre sonore actuellement considéré ». Par là même, l’agence réaffirme que la distance d’éloignement de l’habitat de 500 m au minimum, par rapport à un parc éolien, est suffisante.